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Sommes-nous seuls dans l’univers ?

 

Sommes-nous seul dans l’univers ? Jusqu’à il y a quelques jours, je n’aurais pas su répondre, mais une chose formidable est arrivée dimanche dernier, alors que je faisais ma promenade habituelle sur le Causse au-dessus de Mende.

 

En Lozère, on peut partir en ballade et ne rencontrer personne pendant des heures et des heures. Alors on profite pleinement de la nature, s’en imprègne, se fond en elle jusqu’à ne faire plus qu’un. Tout n’est alors plus que sensations : l’air qui coule le long des ailes du Milan royal, le subtil parfum du pollen qui attire l’abeille butineuse, le doux bruissement des conifères dans le vent et cette présence surnaturelle qui semble nous observer. Tiens, ce n’était pas prévu au programme ça ! J’ai horreur de me sentir observée à mon insu. Je me retourne, scrute les environs. Il n’y a rien, du moins rien que je ne puisse voir. Mais la vue n’est pas le sens le plus développé chez beaucoup d’entre nous. Moi, je préfère me fier à mon instinct. Et il me dit à cet instant précis de faire attention. Là, je commence à avoir peur, c’est dans ma nature, je suis une vraie froussarde. D’habitude, j’éprouve ce sentiment uniquement quand je suis en ville et le plus souvent dans une grande ville. Le manque de confiance en moi, les informations à la télé et leurs images chocs, tout cela ne m’aide pas beaucoup à étouffer mon angoisse.

 

Mais là en pleine nature, je pensais pouvoir me sentir en sécurité, avec toute cette nature autour de moi, en moi.

 

Sauf que là, je suis morte de peur et mon cerveau a du mal à fonctionner. Je suis comme paralysée, non pas « comme », je le suis réellement. C’est dingue. Je n’entends plus rien non plus. Les bruits des arbres, des oiseaux et des petits rongeurs ont disparu. Toc, toc, toc ! Quelque chose essaie de rentrer dans ma tête. Toc, toc, toc. Il ne peut pas entrer, il lui faut ma permission. Qu’est-ce que je fais ? Je lui ouvre ? D’accord, qui ne risque rien n’a rien ! Tu peux entrer. Woufffff ! ! !

 

Ben mince alors où est-ce que je suis ? Plus en Lozère en tout cas ! Tout est blanc autour de moi, je suis baignée par une lumière dont la source m’est inconnue. Cela semble paradisiaque, mais il y a quelque chose qui cloche. Un grondement, une respiration roque, c’est étrange. Une petite voix dans ma tête me dit d’avancer et de ne plus avoir peur. Ce que je fais. Et là, devant moi, je vois une cage de verre. Elle semble immense. C’est de là que vient le rôle de bruit. Il y a quelque chose dans la cage, quelque chose de gros et noir, ce n’est pas très engageant mais je me rapproche. J’ai le nez contre la vitre. Je n’y vois pas grand-chose mais j’ai des frissons qui me courent le long de la colonne vertébrale. Et là, je la vois, la bête, elle est immonde ! De la taille d’une vache, toute noire avec des poils assez longs et emmêlés. Elle me regarde avec des yeux d’une couleur indéfinissable, les yeux du Diable. Elle marche de long en large devant moi, elle doit savoir qu’elle ne peut pas traverser le verre pour me dévorer toute crue mais je vois bien que c’est son intention.

 

La bête du Gévaudan ! ! ! Je n’en crois pas mes yeux : elle existe vraiment ! Pas possible, pourtant elle est bien devant moi avec son air mauvais et diabolique.

 

La petite voix dans mon cerveau est revenue. Eh ! Pas si fort, j’ai mal à la tête ! Ah oui, là ça va beaucoup mieux. Quoi ! ? Eh ! Mais je ne peux pas faire ça toute seule, personne ne va me croire ! Non c’est hors de question, il faut demander ça aux écologistes, ils sont là pour ça ! Quoi ? « On ne peut pas faire confiance aux politiques », je le sais bien c’est pas nouveau ! Mais si je raconte ça à quelqu’un, on va m’envoyer tout droit dans un asile de fous !

A ce moment-là, la  voix s’est tue et tout s’est brouillé autour de moi et woufffff ! ! !

 

Me revoilà dans ma campagne bien aimée avec un mal de crane à damner un saint et une mission au combien délicate : sauver le monde ! ! !

Et si j’ai le malheur d’échouer, ce seront les lozériens qui en paieront le prix car la bête sera de retour pour tous les dévorer !

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